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.Dès que la nouvelle politique sera en place et que tout retour en arrière sera impossible, nous nous débarrasserons de la mère et du fils ; le passé ne doit pas nous encombrer.— Tu es merveilleux, mon chéri.*Kem était mal à l’aise.Si Pazair n’éprouvait guère de goût pour les mondanités et le protocole, lui les détestait.Contraint de revêtir des habits luxueux dignes d’un chef de la police, il se sentait ridicule.Le barbier l’avait coiffé, perruqué, rasé et parfumé, un peintre avait passé du noir sur son nez en bois.Depuis plus d’une heure, il faisait antichambre et n’appréciait pas cette perte de temps.Mais comment se soustraire à une convocation de la reine-mère ?Enfin, un chambellan l’introduisit dans le cabinet de travail de Touya, lieu austère décoré de cartes du pays et de stèles dédiées aux ancêtres.Beaucoup plus petite que le Nubien, la reine-mère l’impressionna davantage qu’un fauve sur le point de bondir.— J’avais envie d’éprouver votre patience, confessa-t-elle.Un chef de la police ne doit pas perdre son calme.Kem ignorait s’il fallait rester debout, s’asseoir, répondre ou se taire.— Que pensez-vous du vizir Pazair ?— C’est un homme juste, le seul juste que je connaisse ! Si vous désirez entendre des critiques à son égard, adressez-vous à quelqu’un d’autre.Kem prit aussitôt conscience de la brutalité de sa réponse et de son impolitesse inexcusable.— Vous possédez davantage de caractère que votre misérable prédécesseur, mais vous pratiquez moins l’art des convenances.— J’ai dit la vérité, Majesté.— Bel exploit, pour un chef de la police.— Je me moque de mon rang et de mon titre ; si je les ai acceptés, c’est afin de seconder Pazair.— Le vizir a de la chance, et j’apprécie les hommes qui ont de la chance.Vous allez donc l’aider.— De quelle manière ?— Je veux tout savoir sur la dame Silkis.*Dès que le bateau du vizir fut annoncé, la police fluviale fit dégager l’accès au quai principal du port de Memphis.Les lourds navires de transport manoeuvraient avec la grâce d’une libellule, et chacun trouvait sa place sans heurter l’autre.L’avaleur d’ombres avait passé la nuit sur le toit d’un silo, jouxtant le bâtiment des douanes et un entrepôt de papyrus.Son crime accompli, il s’échapperait de ce côté-là.À la capitainerie du port, il lui avait suffi de laisser traîner l’oreille pour obtenir des renseignements précis sur le voyage de Pazair, de retour de Pi-Ramsès.Les mesures de sécurité qu’imposait Kem excluaient l’improvisation.Le plan de l’avaleur d’ombres reposait sur une hypothèse plausible : afin d’éviter la foule, avide de solliciter le vizir, Pazair ne s’engagerait pas dans l’artère principale, allant du port au palais.Encadré d’une escouade de policiers, il emprunterait la ruelle au pied du silo, assez large pour autoriser le passage d’un char.Un char qui venait de s’immobiliser, juste au-dessous de l’avaleur d’ombres.Cette fois, le bâton de jet ne manquerait pas sa cible.C’était un modèle simple, appartenant à un lot bradé sur le marché en raison de son usure.Le vendeur n’avait pas remarqué l’assassin, mêlé à un groupe d’acheteurs bruyants.Comme eux, il avait offert en échange des oignons frais.Le crime perpétré, il reprendrait contact avec Bel-Tran.La position du directeur de la Double Maison-Blanche s’effritait de plus en plus ; beaucoup prédisaient sa déchéance prochaine.En supprimant Pazair, l’avaleur d’ombres lui redonnerait la certitude de vaincre.Nul doute que Bel-Tran songerait à l’éliminer, et non à le récompenser ; aussi prendrait-il des précautions.Leur rencontre aurait lieu dans un endroit désert, son interlocuteur viendrait seul.S’ils tombaient d’accord sur un silence mutuel, Bel-Tran repartirait vivant et triomphateur ; sinon, il serait contraint de le faire taire à jamais.Ses exigences n’effraieraient pas le financier : davantage d’or, l’immunité, une fonction officielle sous un autre nom et une grande villa dans le Delta.Jamais l’avaleur d’ombres n’aurait existé.Et, un jour, Bel-Tran aurait de nouveau besoin de ses services.Un règne bâti sur le meurtre se consolidait grâce à lui.Sur le quai, Kem et son singe.La dernière inquiétude de l’avaleur d’ombres se dissipa : le vent soufflait dans la bonne direction.Le babouin ne percevrait pas sa présence et n’aurait aucune chance de couper la trajectoire du bâton de jet, qui ne décrirait pas une courbe, mais tomberait du ciel à la vitesse de l’éclair.Seule difficulté : l’étroitesse de l’angle de tir.Mais la rage froide et le désir de réussir rendraient parfait le geste de l’assassin.Le bateau du vizir accosta.En descendirent Pazair et Néféret, aussitôt protégés par Kem et ses hommes.Après avoir salué le couple d’un hochement de tête, Tueur prit la tête du cortège.Il évita la grande artère et s’engagea dans la ruelle.Le vent violent énervait le babouin, dont les narines s’agitaient en vain.Dans quelques secondes, le vizir s’immobiliserait devant son char.Le temps d’y monter, et le bâton de jet fracasserait sa tempe.Le bras ployé, l’avaleur d’ombres se concentra.Kem et le singe se placèrent de part et d’autre du char.Le Nubien donna le bras à Néféret, l’aidant à monter.Derrière elle, Pazair.L’avaleur d’ombres se leva, vit le profil de Pazair et retint son arme au dernier moment, alors qu’elle se détachait déjà de sa main.Un homme s’interposait, masquant le vizir.Bel-Tran venait de sauver l’être dont il souhaitait la disparition.— Je dois vous parler sans tarder, déclara le directeur de la Double Maison-Blanche, dont la parole précipitée et les gestes saccadés irritèrent le babouin.— Est-ce si urgent ? s’étonna Pazair.— Votre bureau m’a appris que vos rendez-vous étaient annulés pour plusieurs jours.— Dois-je vous rendre compte de mon emploi du temps ?— La situation est grave : j’en appelle à la déesse Maât.Bel-Tran n’avait pas prononcé ces paroles à la légère, en présence de plusieurs témoins, dont le chef de la police.La déclaration était si solennelle que le vizir devait accéder à la requête, à condition qu’elle fût fondée.— Elle vous répondra par sa Règle ; soyez à mon bureau dans deux heures.Le vent se calma ; Tueur leva les yeux vers le ciel.L’avaleur d’ombres s’aplatit sur le toit du silo.À plat ventre, il battit en retraite.Lorsqu’il entendit le char du vizir s’éloigner, il se mordit les lèvres au sang.*Le vizir félicita le jeune Bak, devenu son secrétaire particulier.L’adolescent, scrupuleux et travailleur, ne tolérait aucune inexactitude dans la rédaction des documents officiels ; aussi Pazair lui confiait-il le soin d’examiner décrets et communications, afin de demeurer irréprochable aux yeux des responsables et de la population.— Tu me donnes toute satisfaction, Bak, mais il serait bon que tu changes d’administration.L’adolescent blêmit.— Quelle faute ai-je commise ?— Aucune.— Soyez sincère, je vous en supplie !— Aucune, je te le répète.— En ce cas, pourquoi me muter ?— Pour ton bien.— Mon bien… Mais je suis heureux, à vos côtés ! Aurais-je froissé quelqu’un ?— Ta discrétion t’attire l’estime des scribes.— Dites-moi la vérité.— Eh bien… Il serait sage de t’éloigner de moi.— Je refuse !— Mon avenir est très compromis, Bak, de même que celui de mes proches.— Ce Bel-Tran, n’est-ce pas ? Il veut votre perte [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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