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.Le docteur Fergusson, après avoir embrassé tout cet en-semble d un coup d Sil, s avança jusqu au lit de bois du souve-rain.Il vit là un homme d une quarantaine d années, parfaite-ment abruti par les orgies de toutes sortes et dont il n y avaitrien à faire.Cette maladie, qui se prolongeait depuis des années,n était qu une ivresse perpétuelle.Ce royal ivrogne avait à peuprès perdu connaissance, et toute l ammoniaque du monde nel aurait pas remis sur pied.Les favoris et les femmes, fléchissant le genou, se cour-baient pendant cette visite solennelle.Au moyen de quelquesgouttes d un violent cordial, le docteur ranima un instant ce 117  corps abruti ; le sultan fit un mouvement, et, pour un cadavrequi ne donnait plus signe d existence depuis quelques heures, cesymptôme fut accueilli par un redoublement de cris enl honneur du médecin.Celui-ci, qui en avait assez, écarta par un mouvement ra-pide ses adorateurs trop démonstratifs et sortit du palais.Il sedirigea vers le Victoria.Il était six heures du soir.Joe, pendant son absence, attendait tranquillement au basde l échelle ; la foule lui rendait les plus grands devoirs.En véri-table Fils de la Lune, il se laissait faire.Pour une divinité, il avaitl air d un assez brave homme, pas fier, familier même avec lesjeunes Africaines, qui ne se lassaient pas de le contempler.Illeur tenait d ailleurs d aimables discours.« Adorez, mesdemoiselles, adorez, leur disait-il ; je suis unbon diable, quoique fils de déesse ! »On lui présenta les dons propitiatoires, ordinairement dé-posés dans les « mzimu » ou huttes-fétiches.Cela consistait enépis d orge et en « pombé ».Joe se crut obligé de goûter à cetteespèce de bière forte ; mais son palais, quoique fait au gin et auwiskey, ne put en supporter la violence.Il fit une affreuse gri-mace, que l assistance prit pour un sourire aimable.Et puis les jeunes filles, confondant leurs voix dans unemélopée traînante, exécutèrent une danse grave autour de lui.« Ah ! vous dansez, dit-il, eh bien ! je ne serai pas en resteavec vous, et je vais vous montrer une danse de mon pays.»Et il entama une gigue étourdissante, se contournant, sedétirant, se déjetant, dansant des pieds, dansant des genoux,dansant des mains, se développant en contorsions extravagan-tes, en poses incroyables, en grimaces impossibles, donnant 118  ainsi à ces populations une étrange idée de la manière dont lesdieux dansent dans la Lune.Or, tous ces Africains, imitateurs comme des singes, eurentbientôt fait de reproduire ses manières, ses gambades, ses tré-moussements ; ils ne perdaient pas un geste, ils n oubliaient pasune attitude ; ce fut alors un tohu-bohu, un remuement, uneagitation dont il est difficile de donner une idée, même faible.Au plus beau de la fête, Joe aperçut le docteur.Celui-ci revenait en toute hâte, au milieu d une foule hur-lante et désordonnée.Les sorciers et les chefs semblaient fortanimés.On entourait le docteur ; on le pressait, on le menaçait.Étrange revirement ! Que s était-il passé ? Le sultan avait-il ma-ladroitement succombé entre les mains de son médecin céleste ?Kennedy, de son poste, vit le danger sans en comprendre lacause.Le ballon, fortement sollicité par la dilatation du gaz,tendait sa corde de retenue, impatient de s élever dans les airs.Le docteur parvint au pied de l échelle.Une crainte supers-titieuse retenait encore la foule et l empêchait de se porter à desviolences contre sa personne ; il gravit rapidement les échelons,et Joe le suivit avec agilité.« Pas un instant à perdre, lui dit son maître.Ne cherchepas à décrocher l ancre ! Nous couperons la corde ! Suis-moi ! Mais qu y a-t-il donc ? demanda Joe en escaladant la na-celle. Qu est-il arrivé ? fit Kennedy, sa carabine à la main. Regardez, répondit le docteur en montrant l horizon. Eh bien ! demanda le chasseur. 119   Eh bien ! la lune ! »La lune, en effet, se levait rouge et splendide, un globe defeu sur un fond d azur.C était bien elle ! Elle et le Victoria !Ou il y avait deux lunes, ou les étrangers n étaient que desimposteurs, des intrigants, des faux dieux !Telles avaient été les réflexions naturelles de la foule.De làle revirement.Joe ne put retenir un immense éclat de rire.La populationde Kazeh, comprenant que sa proie lui échappait, poussa deshurlements prolongés ; des arcs, des mousquets furent dirigésvers le ballon.Mais un des sorciers fit un signe.Les armes s abaissèrent ;il grimpa dans l arbre, avec l intention de saisir la corde del ancre, et d amener la machine à terre.Joe s élança une hachette à la main.« Faut-il couper ? dit-il. Attends, répondit le docteur. Mais ce nègre& ? Nous pourrons peut-être sauver notre ancre, et j y tiens.Il sera toujours temps de couper.»Le sorcier, arrivé dans l arbre, fit si bien qu en rompant lesbranches il parvint à décrocher l ancre ; celle-ci, violemmentattirée par l aérostat, attrapa le sorcier entre les jambes, et celui- 120  ci, à cheval sur cet hippogriffe inattendu, partit pour les régionsde l air.La stupeur de la foule fut immense de voir l un de ses Wa-ganga s élancer dans l espace.« Hurrah ! s écria Joe pendant que le Victoria, grâce à sapuissance ascensionnelle, montait avec une grande rapidité. Il se tient bien, dit Kennedy ; un petit voyage ne lui ferapas de mal. Est-ce que nous allons lâcher ce nègre tout d un coup ?demanda Joe. Fi donc ! répliqua le docteur ! nous le replacerons tran-quillement à terre, et je crois qu après une telle aventure, sonpouvoir de magicien s accroîtra singulièrement dans l esprit deses contemporains. Ils sont capables d en faire un dieu », s écria Joe.Le Victoria était parvenu à une hauteur de mille pieds en-viron [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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